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  • Photo du rédacteurLaurie Degryse - Love coach

Comment se libérer du chantage affectif?

Le chantage affectif nous affecte tous, à plus ou moins grande ampleur, comme des petites manipulations conscientes ou non dans notre quotidien pour obtenir d'une personne proche quelque chose dont nous avons besoin ou simplement envie. Observons quels en sont les signes afin de mieux s’en préserver puis s’en libérer et ainsi s’autoriser à créer des relations saines et enrichissantes mutuellement.



Dans la définition de Susan Forward, psychologue, le chantage affectif est « une forme particulièrement puissante de manipulation par laquelle un proche menace, directement ou indirectement, de vous punir si vous ne satisfaites pas ses désirs ». La personne victime de ce chantage est désireuse de conserver la relation, l’amour, les avantages liés à ce lien et se plie aux exigences afin de maintenir le statut quo de la relation.


En effet, un des éléments constitutif du chantage affectif est le brouillard mental de la personne qui le subit, que ce soit de son propre fait (manque de discernement, manque de confiance en elle, de maturité, d’affection, dépendance affective,…) ou du fait de l’autre : ce.tte dernier.e va utiliser la peur, l’obligation et la culpabilité.


De plus, l’intimidation permet au spécialiste du chantage affectif d’obtenir ce qu’il/elle souhaite, car les autres se croient obligés d’y céder et se sentent coupables s’ils ne le font pas. La peur de l’abandon, la dépendance affective, la peur de la solitude, le manque d’amour, l’hypersensibilité et l’hyper-empathie sont des facteurs de risque du profil d’une personne qui est susceptible de se laisser attendrir par le chantage affectif, avec toutes les conséquences qui suivent.


En amour, le/la partenaire qui fait du chantage affectif peut utiliser la confusion du vocabulaire (utilisation d’un autre vocabulaire que le nôtre pour expliquer notre vision des choses en choisissant des mots qui en changent la dynamique), la pathologisation de nos choix (« Tu es folle »,…), l’amour comme exigence (« Si tu m’aimes, tu… »), la révélation de secrets personnels, la comparaison défavorable avec une personne proche (collègue, ex, frère/sœur, cousin.e,…),… C’est dire qu’il/elle a probablement également grandi dans un univers familial qui utilisait ces schémas de fonctionnement comme communication relationnelle. Mais sans surprise, nous savons bien désormais qu’il faut être deux pour jouer à ce jeu, avec chacun ses peurs, ses doutes, ses insécurités et ses blessures…


Dans un précédent post nous avions parlé du triangle de Karpman. Pour faire un parallèle, il s’agirait des rôles victime-bourreau-sauveur joués en couple, chacun à son tour, en utilisant l’émotionnel et l’affection porté l’un à l’autre comme source de chantage.



Quels en sont les ingrédients concrètement ?


Tout d'abord, parmi les éléments concrets pour identifier si nous sommes dans une relation emprunte de chantage affectif, Susan Forward nous donne quelques pistes : une personne qui compte dans notre vie menace de nous créer des difficultés si nous ne faisons pas ses exigences ; elle menace constamment de mettre fin à la relation si nous ne cédons pas ; elle exprime plus ou moins explicitement qu’elle tombera dans la dépression ou le suicide si nous ne nous conformons pas à ses demandes ; elle demande toujours plus ; elle prend pour acquis notre soumission ; elle n’est pas ouverte et sensible à nos sentiments et nos désirs ; elle fait de grandes promesses à la condition de se comporter d’une certaine manière et ne tient pas souvent ses promesses ; elle nous traite d’égoïste, d’insensible, d’avide quand nous ne souhaitons pas « obéir » ; elle fait des compliments quand elle obtient ce qu’elle veut et retire son estime dans le cas contraire ; elle se sert de l’argent comme moyen de pression sur nous,…


Puis, voici ci-dessous les étapes du schéma de la manipulation affective qui se compose de six éléments, tels que décrits dans le processus suivant :


1) Exigence : Une personne a une exigence (c’est-à-dire qu’elle souhaite obtenir quelque chose de quelqu’un) explicite ou implicite (par insinuations,…) qui ne tolère aucune marge de négociation ;


2) Résistance : La personne ciblée entre en résistance face à la demande, de manière directe (refuser la demande) ou indirecte (devenir moins affectueux.se, se renfermer,…) mais de façon à exprimer son refus ;


3) Pressions : Face à ce refus il n’y a pas d’effort de compréhension mutuelle et commence alors une série de pressions qui se déroule par monologues ou sermons dans lequel l’avis du premier « est positif » et l’avis du second « est négatif » ;


4) Menaces : La personne commence alors à déployer ses menaces qui vont de « Tu me fais souffrir », « Tu me rends malheureux.se » à « Je vais te quitter » en passant par « Si tu ne fais pas cela, c’est que nous ne sommes pas fait pour être en couple » et autres variantes théâtralisées.


5) Capitulation : La personne qui reçoit ces menaces finit par céder, voulant garder et maintenir la relation et se remet en question quant à ses propres valeurs, ses besoins, ses limites. Le/la partenaire ne cherche pas à savoir ce que l’autre vit et profite de sa victoire.


6) Répétition : A partir du moment où ce schéma se met en place de manière positive pour l’un des deux, il/elle continuera à l’utiliser pour obtenir ce qu’il/elle désire, ayant la preuve que cela fonctionne. Cette stratégie sera une forme de communication dans le couple qui se co-construit selon leurs expériences communes.


Ensuite, Susan Forward définit quatre manières d’utiliser le chantage affectif : premièrement, le « bourreau » qui se met en colère quand il est face au refus, proférant ouvertement des menaces et qui veut que tout soit fait à sa manière. Deuxièmement, le « flagellant » qui prévient à l’avance des conséquences néfastes sur lui-même de notre refus, tel que « si tu me quittes, je me suiciderai… ».


Troisièmement, le « martyr » qui est triste, malade, malchanceux et dont l’unique solution est que nous satisfaisions à ses exigences, mais ce n’est jamais formulé clairement. Il/elle estime que son bonheur dépend de nos actions envers lui/elle et inversement : son malheur est de notre faute. Par exemple, une mère qui dit à sa fille au téléphone « Je suis seule, fatiguée, tu ne viens jamais me voir et tu me demandes comment ça va ? » afin de l’inciter à venir lui rendre visite par culpabilité.


Enfin le quatrième profil est celui du/de la marchand.e de faux espoirs : il/elle nous encourage en nous promettant de belles choses (voyages, amour pour toujours, carrière qui décollera grâce à ses contacts,…) qui n’auront jamais lieu. Malheureusement dans ce cas-ci il faut parfois un certain temps avant de se rendre compte qu’il/elle vend du rêve et qu’il/elle ne tiendra jamais ses promesses…



Et si nous décidons de ne plus y jouer, comment s’en sortir ?


Il est normal de s’y laisser prendre si nous avons grandi dans un environnement qui ne nous a pas appris à être respecté.e et assertif/ve, si nos besoins n’ont pas été entendu ni pris en compte. Toutefois, il n’est pas impossible de décider qu’à l’avenir, nous souhaitons fonctionner autrement.


En effet, la peur de voir notre partenaire amoureux déçu.e ou en colère peut guider nos actions et notre soumission à certaines choses que nous n’aurions pas fait si nous étions armé.e, sécurisé.e à l’intérieur de nous, confiant.e et en tout temps en contact avec notre dignité personnelle. Cette brèche qui rend possible le chantage provient probablement de notre enfance, de la construction de notre identité dans le cadre familial avec les exemples parentaux et le système d’attachement que nous avons construit selon les soins que nous avons reçus… ou pas.


Pour sortir de ces jeux malsains, il est possible d’apprendre à discerner ce qui se joue pour soi-même en se posant ces quelques questions avant de prendre une décision lorsque nous recevons une demande :


- Est-ce une situation dans laquelle je fais preuve d’égoïsme ou j’agis par fidélité à mes besoins et mes priorités ?

- Ai-je l’énergie de donner sans m’épuiser ou bien cela va dépasser mes capacités (physiques, psychiques, intellectuelles,..) du moment ?

- Est-ce que répondre positivement à cette demande fait violence à mon intégrité et/ou ne correspond pas à mes valeurs ?

- Est-ce qu’il est possible de parler ouvertement du désaccord ?

- Est-ce qu’il/elle s’informe de mes sentiments et préoccupations concernant ce sujet ?

- Est-ce possible de dialoguer sur ce qui me freine dans sa demande ?

- Est-ce qu’il/elle prend sa part de responsabilité dans ce qui se passe ?


Par exemple, dans une discussion saine de couple, lors d’un conflit, notre partenaire amoureux saura exprimer son point de vue, exposer ses besoins, définir les comportements acceptables et inacceptables selon lui/elle et nous expliquer les conditions afin que la relation se déroule au mieux, propositions que nous sommes toujours libres d’accepter ou de refuser.


A contrario, dans un dialogue malsain, notre partenaire exprimera avec force ses émotions empruntes de jugements, de culpabilisation et d’ordres non négociables. L’autre sera présenté.e comme « mauvais.e / inférieur.e » au comportement « indigne » et cela sera utilisé pour imposer ses exigences sans aucune marge de manœuvre et sans jamais prendre sa part de responsabilité dans le conflit. Attention à ne pas confondre ce dernier point avec ce qui est non-négociable dans un couple selon nos valeurs et notre sens éthique (transparence, respect, être honnête,…). Dans ce cas-là, il ne s’agit aucunement de chantage ni de manipulation mais simplement d’avis différents selon les valeurs qui sont importantes pour chacun.


Enfin, pour sortir de ces jeux de chantage, il est important d’apprendre à fixer nos limites, à respecter nos besoins et nos valeurs, à accepter le conflit et l’affronter, apprendre à nous défendre avec assertivité, à respecter notre dignité personnelle. Pour ce faire, afin de constater si nous respectons ou non notre dignité, voici quelques questions qui nous permettent d’évaluer rapidement où nous en sommes :


- Est-ce que j’ai le courage de mes opinions ?

- Est-ce que je permets à la peur de dicter mon comportement ?

- Est-ce que j’affronte ceux qui me font du tort ?

- Est-ce que je définis moi-même mes valeurs ou bien est-ce les autres qui les définissent pour moi ?

- Est-ce que je respecte mes vœux personnels ?

- Est-ce que je veille sur ma santé physique et psychique ?

- Est-ce que je (me) trahis ?

- Est-ce que je (me) dis la vérité ?


Pour conclure, en suivant ces quelques lignes directrices faciles et claires, nous pouvons nous offrir d’être en équilibre intérieur et donc l’être également envers les autres, ainsi que dans le monde de manière plus générale. Ce sont nos (futures) balises pour garder notre intégrité et notre dignité, empêchant les agressions extérieures et pressions constantes de la vie quotidienne. Mettre nos limites avec assertivité, garder le cap sur nos valeurs et notre dignité, prendre soin de notre intégrité physique et psychologique nous amènera vers des relations plus équilibrées, saines, enrichissantes. Et pourquoi pas, être aussi un bel exemple positif pour notre entourage...




Pour aller plus loin :


- Susan Forward « Ces gens qui font du chantage affectif » les éditions de l’Homme, 2010


- Test du profil amoureux à Bruxelles ou à distance ;


- Consultations de love coaching à Bruxelles ou à distance.




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