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  • Photo du rédacteurLaurie Degryse - Love coach

L'abus sexuel et ses conséquences dans nos relations amoureuses


Lors de mes consultations de love coaching, je constate que la plupart des personnes ont des problématiques d’abus physique ou psychique, de violence, de manipulation mentale, d’inceste ou de viol dans leur parcours de vie. Et cela impacte directement leur capacité à être en relation saine dans un couple, mais souvent aussi de manière générale dans toutes leurs interactions humaines. Les personnes qui font le pas de venir me voir sont majoritairement célibataires, parfois assez isolées, ayant un grand vide intérieur, en demande de liens humains de qualité, cherchant leur propre équilibre et l’équilibre de manière générale au sein de leur vie et de leurs relations, principalement amoureuses.



Cela concorde avec le constat de la pratique du centre SOS Enfants-ULB qui reçoit des demandes liées à des problématiques conjugales en lien avec un traumatisme d’abus sexuel durant l’enfance. Sur 50 patients suivis entre 2010 et 2013, ils observent que 75% de leurs patients ont subi un abus intra-familial dans leur enfance et 25% ont été abusés par un adulte qui n’était pas de la famille, mais qui était connu par l’enfant. Au sein de cet échantillon, près de 60% sont dans une situation de solitude amoureuse au moment de leur demande de soutien. Parmi ces personnes, elles sont 20% à présenter des difficultés à maintenir une relation amoureuse durable et 8% n’ont jamais été en couple.


Par ailleurs, dans les 40% de personnes en couple au moment de la prise en charge, la majorité d’entre elles se retrouve dans des relations conjugales toxiques dont il est difficile de sortir. Elles sont ambivalentes concernant leur relation au partenaire, oscillant entre grande dépendance et grande méfiance à son égard. En outre, les survivants de l’inceste ont du mal à créer et maintenir une relation amoureuse positive.


De plus, d’après un sondage français de l’Association Internationale des Victimes de l’Inceste réalisé auprès de 258 personnes ayant vécu un abus sexuel, 98% des répondants estiment que l’inceste a effectivement un impact ou a eu une influence négative sur leur vie de couple. Cela se joue au niveau de leur investissement positif envers leur partenaire, de leurs croyances concernant le fait d’être digne d’être aimé ou concernant la confiance en l’autre (voir article : Ces croyances inconscientes qui nous limitent en amour...).


Lors de mes consultations de love coaching, j’observe en effet des problèmes concernant la capacité à poser ses limites, l’affirmation de soi, la capacité à se connecter à ses ressentis et à son corps, de la dépendance affective, un manque de confiance en soi, de l’insécurité, de l’anxiété, des grandes difficultés à connaître, dire et prendre soin de ses propres besoins, des croyances limitantes très négatives quant à leur droit/capacité à être en couple, à recevoir de l’amour ou de l’attention, une image négative quant au rapport au corps, à la sexualité, à l’amour, à l’autre genre,…


Ce qui est également constaté par SOS-Enfants ULB ou clairement exprimé par les patients eux-mêmes lors de leurs accompagnements : difficulté à faire confiance à l’autre, en soi, en ses ressentis, sentiments ambivalents d’amour et de haine, de désir et de dégoût, peur de la trahison, peur de la manipulation, difficulté de discerner le vrai du faux, remise en question de la légitimité de ses ressentis, difficulté à mettre ses limites et à respecter celles de l’autre, barrière psychique poreuse et mal définie, sentiment d’envahissement psychique, risque de violence physique et psychique, difficulté à conscientiser ses propres besoins et à y répondre adéquatement, immaturité émotionnelle, hypersensibilité handicapante, recherche d’un partenaire « réparateur » qui cristallise toutes les attentes, accès compliqué à la sexualité et à l’intimité, difficulté à trouver une juste distance avec le partenaire, dépendance affective, confusion entre son propre désir et celui de l’autre, détachement des sensations corporelles, risque de rejouer la dynamique abusive au sein du couple, risque de revictimisation, sensibilité à la manipulation, attachement insécure et base narcissique fragile et pour finir, risque de jeux de pouvoir et de prise de contrôle émotionnel de l’autre.


Ensuite, notons que ces problématiques apparaissent dès le début des relations amoureuses. D’après une étude canadienne réalisée auprès d’adolescents concernant leur vie amoureuse en lien avec des agressions sexuelles passées, il est apparu que si le jeune présentait des symptômes de stress post-traumatique, il était plus sujet à être victime de violence au sein de ses premières relations amoureuses, toutes formes de violences confondues (sexuelle, physique ou psychologique). En effet, le jeune présente alors une incapacité à repérer les signaux d’alarme, à mettre en place des comportements d’auto-protection et se trouve dans un état d’hyperéveil chronique diminuant sa capacité de discernement.


Concernant ma pratique, un des outils que j’utilise est « les constellations familiales et systémiques » selon Bert Hellinger, qui peut se dérouler en individuel ou en groupe. Toutes les personnes qui viennent me voir ne sont pas ouvertes à l’utilisation de cet outil. J’accompagne donc certaines personnes avec les constellations en individuel et/ou en groupe et d’autres clients en thérapie utilisant le langage, la visualisation, la pleine conscience, des outils de coaching ou d’autres orientations.


Faire ce parcours de guérison globale des relations, y compris au sein de l’intimité amoureuse, peut impliquer de revisiter le traumatisme de l’abus sexuel afin de se libérer de la culpabilité, de la colère, de l’injustice ou du sentiment de dégoût physique, de la sexualité, de l’autre genre encore présent à divers degrés.


Par ailleurs, selon l’étude d’Amnesty International portant sur 2302 belges âgés de 18 à 85 ans réalisée en 2014 et 2019, il est à noter que 47% des belges ont été exposés à au moins une forme de violence sexuelle au cours de leur vie, ainsi qu’une femme sur quatre au niveau international et un homme sur sept. Enfin, la généticienne Ariane Giacobino de l’Université de Genève a pu constater la trace de traumatismes d’abus sexuels dans l’ADN de patients jusqu’à 3 générations au moins, la dernière génération étant la plus traumatisée alors qu’elle n’a pas elle-même vécu l’événement. Les constellations derviches affirment que ces traumatismes sont présents jusqu’à 7 générations, d’après une étude de 2019 non citée.



Les constellations familiales et systémiques : qu’est-ce que c’est ?


Il existe deux courants principaux bien connus dans le monde : la méthode connue via l’allemand Bert Hellinger et la méthode du chilien Alexandro Jodorowsky. Un troisième courant plus discret et moins connu persiste depuis plusieurs milliers d’années : les constellations derviches. Pour ma part, je suis formée aux constellations familiales et systémiques selon Bert Hellinger que je vais vous faire découvrir ci-dessous.


Les constellations familiales et systémiques dites « de Bert Hellinger » prennent racines dans la thérapie familiale systémique, le psychodrame, la phénoménologie existentialiste, le cri primal, l’analyse transactionnelle, la gestalt thérapie, la programmation neuro-linguistique, le culte des ancêtres des tribus Zulus d’Afrique du Sud au sein desquelles Bert Hellinger a été missionnaire catholique, tout en incluant la théorie des loyautés invisibles de Boszormenyi-Nagi et Spark.


Bert Hellinger a donné une portée internationale à cette technique déjà existante de par son livre traduit en anglais en 1998. A la base construite pour aider les personnes souffrantes de traumatismes de la seconde guerre mondiale dans l’Allemagne des années 80, l’application des constellations s’est étendue aux problèmes familiaux, mentaux, maladies physiques, d’entreprise et d’organisations, conflits nationaux, ethniques et religieux.


Concrètement, au sein des relations humaines, il distingue trois besoins fondamentaux : premièrement le besoin d’appartenance, de lien, deuxièmement, le besoin d’équilibre entre le donner et le recevoir, enfin, le besoin de prévisibilité et de respect des conventions sociales, des rôles et de la place de chacun dans un groupe, une famille. Un élément central est la conscience : il la définit comme étant la capacité de distinguer si ce que nous faisons nuit ou profite à une relation, indépendamment de la notion morale de « bien/mal ». En effet, cette notion est plutôt liée à notre groupe d’appartenance et fluctue donc en fonction des situations.


Si l’ordre d’une famille, d’un clan est violé, il observe de la souffrance et la maladie. Il a dès lors établi ce qu’il nomme « les ordres d’amour » et en a défini trois principes d’après les trois besoins fondamentaux.


Premièrement, le principe d’unité considérant que tous les membres d'un système familial ont le même droit à l’appartenance sans aucune distinction de genre, caractéristiques, bon/mauvais,… y compris les enfants conçus non nés, les anciens partenaires de vie, les morts,… et ceux qui ont portés atteinte à la vie d’un membre de la famille (meurtriers, agresseurs,…).


Ensuite, le principe de l’équilibre entre donner et recevoir : chacun est responsable de cet équilibre en vertu de sa dignité personnelle. La violation de cet équilibre entraine une surcharge sur un autre membre de la famille, la plupart du temps prise inconsciemment par un enfant. Le seul déséquilibre accepté et légitime est celui que les parents donnent la vie à leurs enfants et les enfants ne peuvent que la recevoir sans la leur rendre. Ils peuvent toutefois donner la vie à leur tour.


Et troisièmement, le principe de l’ordre en fonction de la naissance : le premier est l’ainé, les grands-parents avant les parents, eux-même avant les enfants,… Ce principe est souvent violé lorsqu’un enfant porte des blessures de ses parents ou d’ancêtres, quand il y a un secret sur un avortement,… l’enfant n’est alors pas à sa propre place et porte en plus un poids supplémentaire de culpabilité de ne pas respecter l’ordre prévu par la conscience familiale.


Par ailleurs, la transmission des fardeaux de nos ancêtres se trouve également dans les travaux de Carl G. Jung qui dit que :


« Tous les facteurs qui étaient importants pour nos proches et lointains ancêtres le seront également pour nous, car ils correspondent à un système organique hérité. Ils sont même des nécessités qui se manifestent sous formes de besoins ».


Cette intrication avec l’histoire d’un ancêtre peut amener à des répétitions de schémas au sein de la famille, bien connu en psychanalyse. Nous héritons de missions différentes en fonction de notre rang dans la fratrie, selon les circonstances de notre naissance, selon une ressemblance physique ou de caractère avec un membre de la famille,…



Comment se déroule une constellation familiale ?


Cette technique thérapeutique peut s’effectuer en séance individuelle ou en groupe, allant de quelques personnes à quelques centaines de participants. Ces derniers sont généralement assis en cercle en laissant un espace vide au centre, ce qui est appelé le « champ ». Après une courte discussion entre le constellateur et le client permettant d’identifier la demande, les éléments importants à représenter sont définis. Le client choisit alors parmi les membres présents qui représentera quel élément de son système. Il les place dans le champ selon son intuition et se place à l’extérieur en observateur actif.


Concernant le « champ morphique », il serait semblable aux champs électromagnétiques, d’après la théorie du biologiste anglais Rupert Sheldrake. L’hérédité ne comprendrait pas que les gènes, mais aussi une mémoire collective propre à une espèce donnée. Cette mémoire serait enrichie par l’apport de chaque individu, et chacun serait connecté sur ce champ morphogénétique. C’est ainsi que les individus extérieurs au système d’une personne sont amenés à se connecter à cette mémoire collective et arrivent à sentir et exprimer des éléments qui leur sont étrangers. Généralement, le client confirme ce qui est exprimé par les représentants et ces derniers expérimentent intimement soit le point de vue d’une personne de leur entourage, soit un élément les concernant de près.


Durant la séance, le constellateur pose des questions aux représentants pour tenter de comprendre ce qu’ils ressentent, les invitant à se déplacer selon leurs besoins et impulsions intérieures. Il s’agit d’une enquête qui permet de nommer les traumatismes, les émotions, les responsabilités, reconnaitre les ordres et les désordres afin qu’ils soient acceptés. Un des objectifs est de dénouer les tensions, de remettre les responsabilités à leur juste place, à tous les niveaux de l’être et de la famille (transgénérationnel,…).


Cela se réalise concrètement par l’inclusion des exclus, la prise en charge de la culpabilité par ceux qui ont commis l’erreur (et non chez la victime) - donc reprendre sa part de responsabilité par rapport aux actions commises, remettre l’équilibre entre le donner et le recevoir ainsi que respecter l’ordre de naissance dans la famille. Cela amène de la dignité chez les coupables et la levée du fardeau chez les victimes. La constellation prend fin lorsqu’un changement visible apporte un soulagement au client ou quand un équilibre est rétabli, mais pas toujours.



Et concernant plus spécifiquement l’inceste et les violences sexuelles ?


Dans la pratique, l’abus sexuel est rarement la première demande du client. Ils viennent pour un malaise inexpliqué, une maladie, de la dépression, une dépendance (alcool, cigarette, alimentaire,…), de la solitude, des difficultés conjugales,… et l’abus ressort comme étant encore présent via la honte, la culpabilité, le fardeau de la responsabilité de l’acte subi. Par ailleurs, il est évident pour tous les praticiens qu’une seule constellation ne résout pas l’ensemble du traumatisme, mais ouvre une porte et permet la guérison aux gouttes à gouttes.


Car en effet,


« En ce qui concerne l’inceste, (…), les rapports sexuels créent un lien entre la victime et le coupable. Ce lien empêche toute union ultérieure digne de ce nom entre l’enfant devenue femme et un autre homme. Car le lien créé par l’inceste est très profond. C’est pourquoi il est si important que la victime dise à son père qu’elle se retire et se détache de lui, et que son père lui dise qu’il la laisse partir et se charge de toute la faute. Le lien est ainsi dénoué. » nous dit Bert Hellinger.


Il est vrai que le fait de remettre la charge de responsabilité à qui elle appartient est un processus important pour l’évolution personnelle, du système et de la société entière. Selon une étude française de 2019 réalisée sur 1000 personnes, il s’avère encore qu’une personne sur quatre ne voit pas toujours ce qui relève d’une agression sexuelle, que l’agresseur va affirmer que la victime l’a provoqué afin de se déresponsabiliser et que «  céder » lors d’un viol c’est finalement « accepter » la relation sexuelle. En outre, huit à neuf cas sur dix sont des violences sexuelles au sein de la famille ou dans le cercle proche de celle-ci. Les agresseurs sont des personnes ordinaires qui présentent des fortes carences affectives et des blessures importantes, contrairement à l’image habituelle du prédateur pervers et violeur impulsif.


Tel le triangle dramatique de Karpman, englué dans une posture de victime/bourreau/sauveur ne permet pas au client d’avancer sereinement. C’est une étape essentielle dans le cheminement de toute personne souhaitant devenir pleinement adulte et développer des relations saines et équilibrées. La proposition de Bert Hellinger qui, pour rappel, est un ancien prêtre catholique, est également d’arriver à honorer ses parents et à être en lien neutre ou positif face à toutes les personnes qui ont pu nous blesser, quelle qu’en soit la profondeur de la douleur.


Dans la résolution du traumatisme de l’abus sexuel d’un parent sur un de ses enfants, il définit trois étapes : premièrement, que l’enfant reconnaisse qu’il est innocent, deuxièmement, qu’il admette avoir pu éventuellement, prendre du plaisir si ce fut le cas, et troisièmement, que seuls ses parents sont responsables et qu’il n’a pas à se préoccuper de la gestion de leur culpabilité. Cela lui permet d’être libre d’aimer ses deux parents et d’être disponible pour un partenaire amoureux à l’âge adulte.


De plus, le mécanisme de déni de l’abus chez l’enfant traumatisé lui permet de survivre, mais en même temps provoque un clivage. L’enfant se coupe de lui-même, de son corps, de sa sensibilité, de ses sensations et se met à douter de ses propres sens.


Comme en psychanalyse, les constellations familiales et systémiques permettent de retrouver un souvenir ou du moins des sensations inconscientes et potentiellement traumatiques dans lequel des affects sont coincés. Le processus ouvre la possibilité d’exprimer ses affects, avec ou sans information précise des faits, afin de soulager la personne, comme la catharsis de Freud. Une fois que la souffrance a pu être entendue et reconnue, elle n’a plus besoin de se manifester par des symptômes physiques ou psychologiques.


Par après, il est possible en effet d'observer une perception d’amélioration des problèmes physiques et relationnels concernant notamment les maux de dos, la frigidité, l’anxiété, les problèmes de sommeil, la confiance en soi, la dépendance affective, la capacité à mettre ses limites, à communiquer sereinement ses besoins, la dépendance affective, une sortie du triangle dramatique victime/bourreau/sauveur, une image plus positive concernant le couple, l’amour, la sexualité, concernant son propre corps ou celui des personnes de l’autre sexe,…


Enfin, sachant qu’un traumatisme ne provient pas toujours d’un abus, mais qu’un abus est toujours un traumatisme pour celui qui le vit, de conclure sur le fait que toutes les personnes ayant vécu un traumatisme ne sont pas condamnées à vivre des dysfonctionnements relationnels au sein de leur vie amoureuse, selon Babette Rothschild, thérapeute spécialisée en trauma.




Pour aller plus loin :


- Lucien Essique « Les constellations familiales : un chemin vers l’acceptation et l’amour », éditions Dangles, 2013 ;


- Alexandro Jodorowsky et Marianne Costa : « Métagénéalogie : la famille, un trésor et un piège », édition Albin Michel, 2011 ;


- Laurie Degryse « L’outil thérapeutique des constellations familiales et systémiques comme aide concrète pour les adultes ayant subi une forme de violence sexuelle et qui présentent des difficultés relationnelles au sein de leur vie amoureuse », Université Catholique de Louvain, 2023 (pdf complet et gratuit sur simple demande à info@etincelledamour.be) ;


- Love coaching à distance ou en présentiel à Bruxelles ;


- Constellations familiales et systémiques en consultation individuelle à Bruxelles




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